Le gouvernement PiS a-t-il intentionnellement retardé la mise en œuvre de la directive sur la protection des lanceurs d'alerte avant les élections ?

Le gouvernement PiS a-t-il intentionnellement retardé la mise en œuvre de la directive sur la protection des lanceurs d'alerte avant les élections ?

Marek Tekieli |

Le processus mouvementé de prise du pouvoir en Pologne après les élections législatives d'automne de 2023, au cours desquelles la Droite unie, au pouvoir depuis 8 ans, a perdu sa majorité, soulève des questions concernant, entre autres, les problèmes liés au retard de la Pologne dans la mise en œuvre des réglementations relatives à la protection des lanceurs d'alerte.

La protection des lanceurs d'alerte en Pologne : pourquoi est-ce important ?

Conformément aux principes législatifs en vigueur dans l'Union européenne, chaque État membre est tenu de mettre en œuvre les réglementations résultant des directives européennes adoptées. La directive (UE) 2019/1937 du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2019 sur la protection des personnes signalant des infractions au droit de l'Union impose aux États membres d'adopter des dispositions qui protègent les personnes signalant des infractions au droit et, dans le même temps, obligent les employeurs à adopter des réglementations et à mettre en œuvre des procédures visant à permettre aux lanceurs d'alerte de signaler des infractions.

Les dispositions relatives à la protection des lanceurs d'alerte s'inscrivent dans une politique plus large de prévention et de lutte contre la corruption, tant au niveau national qu'au niveau de l'UE.

Le gouvernement PiS et le retard dans la mise en œuvre de la directive

Plus de deux ans se sont écoulés depuis la parution du premier projet de loi polonaise mettant en œuvre les dispositions relatives à la protection des lanceurs d'alerte, et la version actuelle du projet date du début de l'année. La réglementation devait être mise en œuvre au plus tard le 17 décembre 2021, mais cette date limite a été reportée au 17 décembre 2023 pour certains groupes d'entreprises.

La directive sur les lanceurs d'alerte n'est pas la seule que la Pologne n'a pas mise en œuvre à temps, mais dans le contexte des récentes élections législatives, la question se pose de savoir si le retard, dans ce cas, est accidentel ou résulte d'une action délibérée du parti au pouvoir depuis 2015.

La théorie du retard intentionnel : une protection contre une vague de dénonciations ?

Le gouvernement du PiS, qui risquait de perdre les élections, aurait pu s'attendre à une augmentation du nombre de signalements d'abus et d'irrégularités, en particulier si les lanceurs d'alerte étaient protégés par de nouvelles réglementations. Le retard dans la mise en œuvre de la directive était-il donc une mesure stratégique visant à se protéger contre d'éventuelles dénonciations ?

Dans le contexte des huit dernières années de règne du PiS, de nombreux cas de controverse et d'allégations d'abus ont été signalés. La possibilité que des lanceurs d'alerte, protégés par de nouvelles lois, puissent révéler davantage d'informations sur ces abus a peut-être inquiété les personnes au pouvoir.

Retarder la mise en œuvre des dispositions relatives à la protection des dénonciateurs pourrait donc constituer une tentative de protection contre une éventuelle vague de dénonciations qui pourraient incriminer d'anciens membres du gouvernement.

En outre, compte tenu du fait que les nouvelles réglementations étendent la protection des lanceurs d'alerte non seulement aux violations du droit de l'UE mais également au droit national, la portée des signalements potentiels pourrait être beaucoup plus large.

Cela pourrait entraîner d'autres problèmes que le gouvernement du PiS devrait résoudre, peut-être sous un angle moins favorable. Dans une telle situation, retarder la mise en œuvre de la réglementation pourrait être considéré comme une manœuvre politique tactique.

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